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Le terme est utilisé à toutes les sauces, mais le risque est bien réel : plus de trois millions de Français exerçant une activité professionnelle seraient exposés au burn-out. De l’anglais « brûler de l’intérieur, se consumer littéralement », ce phénomène survient brutalement et ses victimes n’ont souvent rien vu venir. Pourtant, avant que le corps ne s’effondre, il aura fallu parfois plusieurs années d’insidieuse érosion intérieure. Les signes précurseurs existent et les situations favorisant le burn-out sont aujourd’hui bien identifiées. Les repérer et les connaître permet d’éviter des conséquences graves comme l’AVC, l’infarctus ou de lourdes dépressions. Et vous, êtes-vous à risque ? La réponse en dix points-clés avec la contribution de Jean-Claude Delgenes, directeur général du cabinet Technologia, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux.
1. Vous exercez un métier à risque
Le burn-out a d’abord été observé chez les professionnels de santé comme les infirmières, les urgentistes, les vétérinaires, les dentistes et les médecins. 50 % de ces derniers seraient d’ailleurs aujourd’hui exposés. D’autres métiers comme celui d’enseignant, requérant une forte empathie avec les autres; associée à d’importantes charges émotionnelles, ont aussi été identifiés. Mais aujourd’hui le phénomène a envahi toutes les strates de la société : les cadres – un sur cinq est en épuisement émotionnel marqué -, mais aussi les agriculteurs, les artisans, commerçants et chefs d’entreprise, ou encore les ouvriers et employés « de contact ».
2. Vous êtes constamment fatigué
Si la fatigue ne cède plus devant le sommeil, si même les vacances n’arrivent plus à vous régénérer ou que dès le retour au travail, le stress et les tensions reviennent, il faut consulter rapidement.
3. Vous travaillez trop
À force d’utiliser la machine à plein régime, elle se rompt. Et pourtant, combien de personnes ne savent pas s’écouter et alignent 50, 60, 70 voire 80 heures de travail par semaine ? « Aujourd’hui, plus de 50 % des cadres travaillent jusqu’à 23 heures ou minuit, bousculant les structures familiales et sociales ainsi que leur sommeil. Ce sont justement ces heures marginales en trop qui sont délétères et très coûteuses en termes de santé, explique Jean-Claude Delgenes. Réduire de 10 % son temps de travail quand il est excessif a un impact énorme sur la santé et permet tout simplement de dormir plus, de se réparer, d’avoir d’autres activités et discussions, bref de retrouver ses capacités à se régénérer », poursuit-il.
4. Vous manquez de reconnaissance ou de marge de manœuvre
Plus encore qu’une durée de travail déraisonnable, c’est surtout la qualité de celui-ci qui peut faire craquer. Quand le travail devient subi, il entraîne alors plus de stress. Des efforts peu suivis de résultats ou de reconnaissance, un fossé entre les objectifs et les moyens donnés, peu de marge de manœuvre au niveau de son emploi du temps, des tensions émotionnelles fortes, autant d’éléments qui peuvent conduire à l’épuisement psychique et physique.
5. Vous avez une conscience professionnelle à toute épreuve
Si personne n’est à l’abri de l’épuisement professionnel, ce sont souvent les meilleurs, les plus zélés, ceux que l’on sollicite le plus ou dont on vante la réactivité et la disponibilité, qui sont victimes de burn-out et se jettent dans le travail compulsif. Consciencieux, dévoués et motivés, ils répugnent à s’écouter et ne savent pas toujours dire non. Le travail est un lieu de réalisation important qui leur permet d’exprimer leur personnalité et dont ils ont besoin pour se sentir reconnus. Leur investissement sans borne peut aussi résulter d’une précarité passée ou actuelle : un précédent emploi perdu, le chômage d’un conjoint, un secteur en crise…
6. Vous êtes hyperconnecté(e)
L’ultraconnexion bouscule nos repères, les derniers remparts de la vie privée s’effritent, la vie professionnelle envahit la sphère privée et l’on se doit d’être joignable toujours et en tout lieu. Avant, après des pics d’activité, il y avait des périodes de rémission où l’intensité baissait. Avec les nouvelles technologies, ces temps de ressourcement tendent à disparaître. « 30 % des moins de 35 ans considèrent qu’ils doivent être disponibles pour leur entreprise à 100 %, alerte Jean-Claude Delgenes. Et seulement 23 % des gens débranchent vraiment durant leurs congés, se retrouvant comme enchaînés au travail. Le seul fait de préempter les mails envoyés après 20 heures ou avant 8 heures, comme nous l’avons obtenu dans une grande entreprise, ou encore de s’octroyer une vraie coupure durant les congés, constitue une prévention réellement salutaire. »
7. Vous êtes isolé(e)
En déplacement permanent ou éloigné de votre foyer sur une longue durée, vous avez plus de risque de ne plus vous consacrer qu’au travail et de perdre les liens sociaux et familiaux dont tout être humain a besoin. Au contraire, le fait d’avoir des enfants jeunes dont on doit s’occuper peut être un des derniers remparts obligeant à limiter ses heures de travail, même si les femmes qui cumulent souvent exigences professionnelles et tâches ménagères demeurent plus exposées à l’épuisement. L’isolement de certaines professions, comme les agriculteurs, explique aussi les cas de burn-out importants de certains métiers.
8. Vous évoluez dans une organisation matricielle ou avec un mode de management par objectif
La complexité des organisations actuelles, les reporting incessants, les objectifs intenables ou qui ne tiennent pas compte des rythmes naturels de l’entreprise, les exigences de productivité sans cesse accrues, les charges de travail non régulées, les postes de management occupés par des personnes non qualifiées… Autant de situations et d’organisations délétères qui usent les hommes et qui s’avèrent contreproductives à terme.
9. Insomnies, migraines… : votre corps vous parle !
Les signaux existent et varient d’un individu à l’autre, mais bien souvent les futures victimes ne les entendent pas. Ce peut être un eczéma ou autres manifestations cutanées pour l’un, des troubles du sommeil pour l’autre, ou encore une prise ou une perte de poids, des douleurs lombaires, des vertiges et palpitations, des maux d’estomac… Ces signaux sont à prendre rapidement au sérieux et n’ont rien d’anodin.
10. Vous êtes irritable et devenez distant
Les gens vous ennuient, plus rien ne vous intéresse (à part le travail), vous devenez cynique, irritable, vous voyez moins vos amis ou les membres de votre famille, vous avez peu de choses à dire aux gens que vous croisez, vous êtes trop occupé pour envoyer un mail ou téléphoner à un ami, souhaiter un anniversaire. En un mot vous devenez terne, desséché, sans vie. Ouvrez-les yeux et écoutez vos proches !
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