Le stress est devenu un fléau qui sévit beaucoup en entreprise et pas seulement. Comment lutter contre ? Comment le détecter ? Comment le gérer ? Comment le prévenir ? Voici quelques pistes extraites de mon livre
Dans un climat de concurrence exacerbée qui ne s’arrête pas à nos frontières et de crise, le stress se généralise dans l’entreprise à tous les niveaux hiérarchiques. De plus en plus de salariés et de managers travaillent trop et parfois mal, faute de temps et de sérénité. Ils vivent en permanence dans le stress, ressentent des frustrations intenses parce qu’ils ne peuvent effectuer leurs missions avec sérénité. Leur travail perd tout sens. Souvent submergés par le poids de leurs tâches et pris par le court terme, ils n’ont plus le temps de s’organiser, ce qui pèse sur l’efficacité. D’autres se voient imposer des décisions qui les répugnent tout particulièrement. C’est le cas de managers ou de RH contraints de licencier parfois injustement. Ils ne s’interposent pas toujours à la décision craignant sinon de subir le même sort. Les dysfonctionnements accumulés créent un véritable mal-être et transforme dans certains cas l’entreprise en véritable jungle.
Un mal très répandu – Le stress est omniprésent aujourd’hui: selon une enquête IPSOS [1], 72% des français déclarent avoir ressenti plus de deux symptômes dus au stress se caractérisant par des problèmes de sommeil (55% des français), de l’anxiété (55%), de la fatigue fréquente (49%), de l’irritabilité (46%), des douleurs au dos, des problèmes digestifs, des problèmes de poids…
L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail explique que le stress au travail « survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face. Bien que le processus d’évaluation des contraintes et des ressources soit d’ordre psychologique, les effets du stress ne sont pas uniquement de nature psychologique. Il affecte également la santé physique, le bien-être et la productivité ».
Comment le détecter ?– En 1936, Hans Selye, chercheur, médecin canadien pose la première définition du mot stress[2]. Une personne soumise à une agression extérieure déclenche des réactions biologiques pour permettre à son organisme de s’adapter. Il donne à ce processus le nom de « Syndrome Général d’Adaptation » dont il distingue trois phases :
• La phase d’alerte ou d’alarme : le stress se déclenche pour permettre à l’organisme de mobiliser ses ressources et de s’adapter rapidement à une sollicitation soudaine ;
• La phase de résistance : si la situation stressante perdure, l’organisme essaye de résister le plus possible ;
• La phase d’épuisement : quand la situation dure trop longtemps, le corps est épuisé. Il n’est plus capable de s’adapter et perd le contrôle.
On parle de « bon » stress quand la stimulation permet à la personne de mobiliser l’ensemble de ses capacités pour donner le meilleur d’elle-même. Il génère une sensation de bien-être, de plaisir et procure énergie et motivation pour relever les défis quotidiens. Il permet de se dépasser pour faire face à un challenge important (Ex : les cosmonautes et l’équipe de la Nasa dans l’histoire d’Apollo 13 – Cf. chapitre 4). Il décuple les forces du champion lors d’une compétition sportive… Mais si le stress est trop intense et dure trop longtemps, il entraîne des effets inverses, altère la performance et devient pénible. La personne est épuisée, sa réaction n’est alors plus adaptée. On parle alors de « mauvais » stress.
Chaque personne a sa zone de vulnérabilité qui s’exprime en période de stress. Les premières réactions à un excès de stress se situent le plus souvent au niveau physique et se manifestent sous différentes formes [3]: palpitations, rougeurs, transpiration inhabituelle, sensation de bouche sèche, tension musculaire, oppression thoracique, tremblements des mains et des jambes, sensations de malaise et de vertige. A l’excès, le stress peut déclencher des maladies graves et des troubles psychologiques (anxiété, dépression, etc.).
Comment le gérer ? – Différentes approches peuvent aider et se compléter, en travaillant sur le mental (approches cognitives, comportementales, psychanalytiques…) et au niveau physique, avec des méthodes de relaxation, basée sur la respiration profonde (sophrologie, yoga…). La sophrologie, par exemple, permet de réduire la fréquence cardiaque et respiratoire, la tension musculaire, la fatigue, et d’augmenter la concentration.
Ces démarches doivent s’accompagner d’une bonne hygiène de vie, en apprenant à écouter son corps et ses signaux d’alerte, en respectant ses rythmes biologiques et ses besoins au niveau du sommeil, de l’alimentation, de l’activité physique.
Quand on est stressé, il faut tout particulièrement veiller à être entouré, à communiquer avec les autres, à exprimer ses sentiments, ses émotions, à partager ses préoccupations car on a tendance à se renfermer sur soi et à ne pas exprimer ses soucis. On doit savoir dire non pour marquer les limites, se protéger et être assertif (c’est-à-dire à s’affirmer sans être agressif) pour exprimer ses besoins, tout en respectant autrui. Il faut, autant que faire ce peut, gérer son temps, en planifiant et organisant le plus possible ses journées, en établissant des priorités, en distinguant l’essentiel de l’important. De plus, il faut s’octroyer chaque jour un temps, ne serait-ce que quelques minutes par jour, une activité, pour soi et rien que pour soi. Pour refaire le plein d’énergie et se ressourcer, il faut avoir des espaces de détente, de rire (libérateur et dynamisant), d’ouverture sur le monde et développer des liens avec d’autres.
Comment le prévenir ? – Plus on se connaît, plus on a des repères clairs (valeurs, religion…), plus on se fait confiance; plus on est capable de prendre du recul et de la distance par rapport aux évènements; plus on sait relativiser les évènements et résister au stress, plus on est à même de se fixer des objectifs réalistes et réalisables.
Pour éviter que les situations ne génèrent trop de stress, le bon manager doit donc avoir des repères solides et, en amont, pendant les périodes calmes ou d’accalmie, travailler sur l’organisation pour être prêt à faire face à une crise potentielle. Puis, pour garder l’esprit clair face à une situation difficile, il peut faire de petits exercices à base de travail sur les représentations mentales et de relaxation. « Finalement, pour bien résister à la pression, on peut se dire que, soit il y a une solution – dans ce cas il faut la trouver et l’appliquer -, soit il n’y en a pas ou on n’est pas en mesure de la trouver et dans ce cas, l’inquiétude ne fait que rajouter inutilement de la pression», remarque l’Amiral Dupont.
[1] Novembre 2008
[2] Du latin, « stringere » qui signifie serrer, étreindre, devenu en vieux français, « estresse », soit étroitesse, oppression, puis en anglais, « stress » veut dire la pression, la charge produisant une tension
[3] Guide Prévention Stress – Béatrice Bienvenu – Mutuelle de santé Sphéria
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