Pour faciliter et accélérer un redémarrage après une épreuve, des attitudes et des aptitudes sont utiles, voire indispensables: reconnaître l’échec, se remettre en cause, relativiser la situation, assumer sa part de responsabilité, faire son deuil, utiliser l’effet temps, redémarrer si besoin ailleurs… voici un extrait de mon livre sur la question.Voir la difficulté comme un challenge – Nous pouvons nous inspirer de la manière dont les Américains le vivent. Ils peuvent le sanctionner tout de suite et parfois brutalement, mais il n’aura pas forcément de conséquences dramatiques sur la carrière. Il est davantage vécu pour ce qu’il est, un évènement ponctuel. Il ne constitue pas une tâche indélébile sur la personne, sauf si celle-ci ne trouve pas la force de rebondir et de redémarrer autre chose. Comme ils ne le stigmatisent pas et échangent plus volontiers sur leurs problèmes, ils en parlent plus ouvertement et peuvent en tirer davantage de profit. De même, banalisant davantage leur situation, les Américains ont plus de facilité à se faire aider par un tiers. Ils « redéfiniront comme une leçon ce que les Français auraient appelé un échec, et comme un challenge ce que nous nommerons problème », remarque Pascal Baudry, consultant, auteur de Français et Américains, l’autre rive.
Faire preuve de ténacité et de combativité – « L’homme n’est pas achevé quand il est vaincu, il est achevé quand il abandonne », affirmait Richard Nixon. Une expression populaire recommande d’ailleurs « aide-toi, le ciel t’aidera ». La force et la capacité de combattre dépend du caractère et de l’histoire de chacun. Le chemin pour se relever est parfois long et généralement douloureux. Il suppose d’avoir une vision claire de la situation, de ses forces et faiblesses et de faire preuve de courage et de combativité.
Profiter de l’occasion pour se dépasser – Subir de gros échecs ou de dures épreuves permet de se bonifier et même se révéler quand ils contraignent à se dépasser. La rencontre de ses propres limites est extrêmement formatrice. La situation fait émerger sa vraie force intérieure et peut pousser au dépassement de soi. On en voit une belle démonstration dans le film Apollo 13, basé sur les faits réels. Lors de cette mission spatiale, les astronautes et le contrôle au sol ont eu à relever un défi énorme: ramener vivant l’équipage à terre, après qu’un réservoir d’oxygène ait explosé. Il s’agissait dès lors de trouver des méthodes pour récupérer de l’énergie, économiser l’oxygène et éliminer le dioxyde de carbone. Ensemble, ils ont réussi l’impossible.
Prendre du recul – La démarche n’est valable que si l’on vise la pérennité plutôt que la performance à court terme. Elle demande de prendre du recul, ce qui n’est pas si courant dans notre société d’image et de représentation ; la plupart des gens préférant évacuer au plus vite leurs difficultés et les oublier et nous sommes à l’heure du zapping et de l’infidélité. Il demande de faire tomber un système de défense, une certaine image de soi pour être plus vrai. Le processus passe par la reconnaissance du problème, son analyse, pour en tirer des enseignements avant de se remettre dans l’action. Il apporte ainsi maturité, connaissance et expérience.
Définir le type d’échec – Chercher la cause de l’échec permet de ne pas le réitérer. Saisir sa nature est un passage obligé pour comprendre ce qui y a conduit et pouvoir changer ses manières de faire. Cette analyse demande lucidité et courage. Elle peut, dans certains cas et dans certains environnements, se faire avec un tiers : hiérarchie, DRH, coach, « psy », etc.
Avant de développer les possibilités ou les opportunités que peuvent apporter un échec, encore faut-il cerner ce que le mot représente vraiment. Il y a une différence entre un échec massif et une difficulté qui se gère. Il faut aussi différencier l’échec, qui s’assume et peut enrichir, de la faute (malversation, manque d’éthique…) qui se paye. Il faut donc analyser attentivement la situation, en réfléchissant à ce qui relève de ses actions et ce qui résulte de facteurs externes. Le problème vient-il d’une cause interne ou externe ? Une fois repéré la raison, l’origine de la difficulté, on peut poser un bon diagnostic, confronter son point de vue avec celui des autres et affiner sa vision de la situation parfois complexe, pour prendre les mesures qui s’imposent.
Les échecs ou difficultés peuvent être d’ordre personnel (difficultés relationnelles, émotionnelles, d’origine familiale, des problèmes de comportement, un manque de maturité ou de stabilité émotionnelle …ou absence de projet, de plaisir dans son travail et/ou dans sa vie), d’ordre professionnel (mauvais recrutement, erreur stratégique, manque de vision, d’implication, de motivation, de compétences, de crédibilité, de préparation, de temps, de formation, excès de stress, mauvais raisonnement…) ou dus à une inadaptation à l’environnement (inadéquation avec le poste, mésentente avec sa hiérarchie, ses équipes …).
Assumer sa part de responsabilité – Au niveau individuel, comme au niveau collectif, la réaction est malheureusement assez courante de nier ou travestir l’échec. Certaines personnes ne pouvant pas même envisager d’en avoir, préfèrent faire la politique de l’autruche, manipuler leur entourage – inconsciemment ou non- en voulant se persuadant ou en persuadant les autres que le problème vient de l’extérieur. Du coup, elles n’apprennent pas grand chose de la situation. C’est ainsi que, sans forcément le réaliser, ces personnes se retrouvent dans un cercle vicieux qui les amène à penser que le destin s’acharne sur elles, sans s’apercevoir qu’elles participent activement à leurs problèmes. Elles peuvent agir ainsi faute de ressources psychiques pour l’affronter ; ce déni est alors une forme de défense, de protection pour ne pas ressentir des difficultés intérieures, plus profondes et plus anciennes. Leur attitude met en échec toute tentative de changement puisqu’elles sont persuadées d’être traitées injustement. Le philosophe grec Epictète écrivait : « c’est le fait d’un ignorant d’accuser les autres de ses propres erreurs ; celui qui a commencé de s’instruire s’en accuse soi-même ; celui qui est instruit n’en accuse ni autrui ni soi-même ».
Faire son deuil – La reconnaissance d’un échec peut conduire à devoir tourner une page sur une partie de sa vie, pour en commencer une nouvelle. L’expression « faire son deuil » parle de cette phase nécessaire pour dépasser les sentiments déclenchés par la situation de perte, d’échec. Elisabeth Kübler-Ross a décrypté le processus en dessinant la spirale du deuil. Elle se décompose en plusieurs phases : d’abord le déni – consécutif au choc. La personne refuse plus ou mois la réalité ; puis la colère face à la perte ; le marchandage, comprenant négociations, voire chantages ; la dépression faite de tristesse, de remises en question et parfois de détresse ; pour aboutir à l’acceptation de la perte, qui clôt un épisode et permet de se relancer dans de nouveaux projets. Traverser ces différentes phases est nécessaire. Le processus, qui passe par un certain renoncement, ne se fait pas de manière linéaire. Il peut y avoir des moments de régressions vers les phases précédentes qui font partie du processus de deuil.
Relativiser la situation – Il ne faut pas oublier que notre perception des choses est éminemment subjective. Elle est lié au regard des autres autant que notre propre regard. On peut ainsi voir la mondialisation comme une chance ou comme un obstacle. Elle peut en réalité relever des deux. Nous pouvons avoir une perception très négative d’une situation, alors même qu’elle peut déboucher sur une opportunité. Un conte chinois (d’après Hoài-Nam-Tu) nous fait toucher du doigt la relativité d’une situation:
Utiliser l’effet temps – Il faut savoir trouver le bon tempo : parfois, il faut agir vite, pour éviter de s’enfoncer dans l’échec, tout en évitant l’effet marais salant où, plus on s’agite, plus on s’enfonce; parfois il faut se hâter lentement pour éviter d’être dans la précipitation. Laisser traîner les choses sans rien faire, les aggrave. Idéalement, le délai entre l’analyse de l’échec et la remise en question doit être le plus court possible. Dans le cas d’une erreur de recrutement, par exemple, il faut agir vite car le coût est élevé pour tous.
Dans d’autres situations, il faut au contraire « laisser le temps au temps », comme le dit l’adage, car il peut jouer en faveur de la résolution d’un conflit, éroder les aspérités, etc.
Redémarrer si besoin ailleurs – Après un échec important, il vaut parfois mieux redémarrer sa carrière ailleurs pour se mettre dans un environnement entièrement nouveau, pour éviter frustration et rancœur ; parfois aussi parce que l’entourage conserve trop fortement en mémoire cet échec et empêche tout rebond.
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