L’arrivée des femmes à de haut niveau de responsabilité devrait enrichir les entreprises en bénéficiant d’un regard différent de celui porté par leurs homologues masculins. Voici un extrait de mon livre sur la question.
En quoi cette montée en puissance des femmes peut-il changer la donne ? Quelles sont leurs spécificités ? Que peuvent-elles apporter à l’entreprise ? Mais aussi qu’est-ce qui peut les freiner dans leurs carrières ?Ce qui fait l’intérêt premier de la promotion des femmes à des postes à haute responsabilité est leur complémentarité dans leurs caractères, comportements et approches de celle des hommes. C’est cette même complémentarité qu’on retrouve dans le concept chinois du yin (féminin…) et du yang (masculin…) ou encore de l’animus (masculin/ esprit) et de l’anima (féminin/ âme) évoqué par le psychanalyste Jung ; chaque sexe ayant des deux, l’homme ayant, à priori, davantage d’animus, la femme d’anima ; chaque personne devant avoir des deux pour être bien équilibrée et fonctionner harmonieusement.
Hommes et femmes n’ont bien souvent ni la même vision du monde, ni la même manière de le regarder ou de l’appréhender. La mixité dans les instances dirigeantes devrait donc apporter ouverture et richesse et avoir un impact sur les prises de décisions, l’ambiance dans les réunions et dans les comités de direction.
En quoi les femmes réagissent différemment ? En observant les choses de manière générale, et, de fait, forcément caricaturale, avec le risque d’enfermer les deux sexes dans des stéréotypes, on dégage des différences à plusieurs niveaux :
Dans les rapports aux autres
– Les femmes sont souvent davantage dans l’affectif, avec les bons et les moins bons côtés, et dans le registre de l’émotionnel, parfois à l’excès. Elles ne comprennent pas plus la dureté et la violence de certaines relations entre hommes, qu’eux ne comprennent quand elles débordent dans l’affect. Ceux-ci disent ne pas supporter et comprendre la susceptibilité, la variation d’humeur et leur côté un peu « hystérique » de certaines d’entre elles. Mais elles ont aussi la réputation d’avoir de l’empathie et de l’écoute. Elles sont généralement plus compréhensives et plus attachées à l’humain et font preuve de plus de sensibilité. Elles ont souvent plus le sens de l’intérêt général et le souci de l’autre. Elles peuvent faire preuve d’une certaine générosité, d’une forme de don de soi, d’une certaine abnégation.
Dans leur efficacité quotidienne
– Les femmes sont généralement multitâches : elles gèrent souvent plusieurs choses en même temps, et ne sont donc pas toujours concentrées à 100 % sur leur travail. Elles sont plus facilement dans la réflexion, le brassage d’idées. Elles sont dans le « faire bien » et le « bien faire », avec un bon rapport qualité/temps. Elles sont plus rigoureuses et souvent plus besogneuses, plus soucieuses des détails et, de fait, travaillent généralement plus en profondeur; les hommes étant, eux, davantage dans l’action et la solution. Elles ont des qualités très appréciables pour l’entreprise, comme le sens de l’efficacité, de l’opérationnalité, de l’organisation, de l’esprit pratique, du pragmatisme et le sens du concret ; les hommes étant davantage dans les concepts. Elles fonctionnent moins par objectif et sont moins orientés résultats, mais font souvent preuve de plus de discernement et d’intelligence de situation. Tout en étant plus consensuelles, elles sont moins prêtes aux compromis que les hommes et généralement plus têtues. Elles peuvent perdre de l’efficacité à court terme dans la recherche d’un consensus, mais sont aussi plus productives.
Dans l’affirmation de soi
– L’affirmation de soi n’est pas leur point fort. Elles ont besoin de plus de réassurance. Elles doutent plus d’elles – ou du moins de manière plus ostensible – et, de facto, mettent davantage de pression, à la fois sur elles-mêmes et sur les autres. Elles se culpabilisent souvent si elles privilégient leur vie professionnelle à leur vie personnelle. Mais elles sont moins dans la posture que leurs homologues masculins qui, eux, sont souvent plus dans l’ego, dans la compétitivité et la recherche de la performance. Elles ont dans la vie, plusieurs ancrages, à la fois professionnel, personnel et familial. Du coup, elles sont moins touchées par un échec professionnel et souffrent généralement moins du regard social que les hommes qui visent davantage le statut, la promotion, le salaire, les postes gratifiants, voire prestigieux ; ils osent davantage qu’elles et leur audace s’avère pour obtenir des promotions. Ces comportements transparaissent au travers des statistiques de création d’entreprises : les chiffres d’affaires des entreprises fondées par des hommes se développent plus vite. Par contre, leurs structures rencontrent davantage de problèmes financiers, alors que celles créées par des femmes ont un chiffre d’affaires en croissance moins rapide; mais leur structure est généralement plus pérenne, car elles prennent moins de risques et sont plus prudentes.
Dans les situations difficiles, délicates, les femmes se montrent souvent plus courageuses, plus enclines à prendre leur bâton de pèlerin. Elles devancent plus facilement les problèmes et s’y confrontent généralement mieux. Elles vont être plus directes, dans la franchise, mais aussi plus dans l’émotion. Elles peuvent montrer plus ostensiblement leurs désaccords. Elles disent plus facilement en face ce qu’elles pensent et montrent plus de courage dans leur expression, en étant moins dans la défense de leur statut, alors que les hommes développent plus aisément des stratégies d’évitement qui ne sont pas toujours dénuées d’une certaine lâcheté. Par contre, on peut reprocher aux femmes de ne pas être assez ferme et de manquer d’assertivité dans l’annonce de leurs décisions.
Dans le style de management
– En matière de management, elles manifestent davantage d’intérêt et d’empathie pour leurs équipes. Elles ont également des manières très différentes pour obtenir des résultats. En général, elles ont moins peur des conflits et les évitent mieux. Elles ont moins le sens de la compétition, de sens politique, sont généralement moins ambitieuses, moins dominatrices et moins politiques. Elles expriment moins d’appétit pour le pouvoir. La féminité dans leur comportement apparaît comme un atout au quotidien, alors que les femmes se comportant comme des hommes sont souvent peu appréciées.
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