Par Grégory Herbé –
A peine leur diplôme en poche, les jeunes sont de plus en plus nombreux à faire leurs valises dans l’optique d’une carrière à l’étranger.
Selon une étude publiée en février 2013, 27% des jeunes diplômés souhaitent démarrer leur carrière à l’étranger. En 2012, ils n’étaient que 13% à envisager un départ. Alors quelles raisons poussent de plus en plus de diplômés à s’exiler ?
C’est tout le marché français du travail qui est remis en question par le nombre croissant de jeunes souhaitant quitter le pays. La difficulté à trouver un emploi constitue la première raison qui pousse les jeunes à voir l’expatriation comme une solution viable.
Leurs recherches sont souvent très (trop) longues, avec une moyenne de 15 semaines de recherche. Près de 4 jeunes sur 10 n’ont même jamais décroché un seul entretien. Lorsque d’autres obtiennent en moyenne 3 entretiens ne donnant pas suite.
Pour se convaincre de la perte de confiance des jeunes diplômes envers les entreprises françaises, il suffit d’observer leur vision du marché du travail : selon le 2ème baromètre de l’humeur des jeunes diplômés, réalisé par l’Ifop pour le cabinet d’audit Deloitte : 58% d’entre eux jugent très faibles leurs chances d’obtenir un poste dans les 6 mois suivant la fin de leurs études.
Face à la situation du marché de l’emploi, de nombreux jeunes font le choix de l’étranger. L’expatriation professionnelle n’étant que rarement une fin en soi, l’expérience doit être préparée et envisagée comme une étape du parcours professionnel.
Pour les jeunes diplômés c’est avant tout une expérience enrichissante professionnellement, leur permettant de mettre à profit leur savoir-faire. Ce qui n’est pas nécessairement le cas sur le marché français où les jeunes n’obtiennent que très difficilement des postes adaptés et valorisant leurs compétences. Dans certains domaines tel que le commerce international, une expérience à l’étranger est tout simplement indispensable afin de pouvoir prétendre à un poste à responsabilité. De plus, une expérience à l’étranger est toujours bien vue et ajoute une véritable valeur ajoutée à votre profil. Il serait d’ailleurs préférable, dans les conditions actuelles, de favoriser les expériences dans les pays émergents (Brésil, Chine, Inde, etc.), car c’est là où la croissance est la plus importante.
Parmi les destination privilégiées, c’est l’Australie qui demeure la plus populaire, avec près de 20 000 départs par an. Le Canada a également le vent en poupe. Il y a deux ans, le stock de PVT (Permis Vacance Travail, ces visas particuliers permettant à des jeunes de 18 à 35 ans de partir pendant une année au Canada dans l’optique de trouver un emploi) de l’ambassade canadienne était parti en trois mois. En 2012, il aura fallu moins de trois jours…
Chez les jeunes candidats à l’expatriation, le désir de découvrir une nouvelle culture, un nouveau pays demeure la motivation première, suivi de près par les rémunérations plus avantageuses proposées aux jeunes dans les pays anglo-saxons. Il apparaît donc judicieux de partir de France afin de s’imprégner d’autres modes de pensée, de visions différentes, pour mieux revenir. Une expérience à l’étranger est un excellent moyen de s’enrichir culturellement et personnellement ; et prendre ainsi de la distance vis-à-vis du « modèle français » lors de son retour.
« Partir pour mieux revenir » serait donc l’adage propice afin de caractériser les départs (de plus en plus nombreux ) de ces jeunes diplômés parfois démotivés par la rigidité du marché de l’emploi français. Cette prise de distance permet de la même façon de mieux observer le système français et d’être confronté à une d’autre façon de faire en matière d’emplois. De plus, l’Europe avait comme objectif de faciliter les échanges entre les pays de l’Union européenne. C’est ce qu’à rappelé la chancelière allemande, qui a estimé que les 3,6 millions de jeunes chômeurs de la zone euro devaient être prêts à voyager pour trouver du travail. Comme l’Union européenne le leur permet et comme le projet européen dans son ensemble les y encourage. Mais il apparaît indispensable pour l’Allemagne étant donné de sa problématique démographique d’attirer les jeunes diplômés. Ce n’est en revanche pas à l’avantage de la France de voir ses talents quitter le territoire. De plus, l’accès aux métiers auxquels sont formés les jeunes Français est bien souvent bouché … Mais pas uniquement en France ! C’est la formation qui doit s’adapter au marché du travail et non pas l’inverse. Or, dans ce domaine en France comme chez bon nombre de nos voisins européens, des réflexions restent à mener.
Pour conclure, oui, en tant que jeunes diplômés vous avez tout intérêt à quitter la France pour tenter votre chance, puisque les meilleurs opportunités ne se trouvent malheureusement plus sur le marché français pour le moment. Mais dès lors que le climat français sera plus propice à l’embauche, votre expérience à l’étranger vous permettra, pourquoi pas, de revenir en France pour ainsi faire profiter de votre expérience. Les entreprises françaises ont grand besoin de renouvellement.
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Source : Atlantico – http://www.atlantico.fr/decryptage/jeunes-diplomes-comment-savoir-avez-interet-exiler-ou-pas-gregory-herbe
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